Avant toute écoute, je ne peux que vous inviter à entendre l’intention derrière ce podcast.

D’où je parle

Je m’appelle Xavier Marichal, j’ai 52 ans et je crois que j’ai toujours, déjà adolescent, rêvé d’un monde meilleur.  Et souhaité y contribuer d’une manière ou d’une autre. Comme de nombreuses autres personnes me semble-t-il. Et, comme elles, j’ai pendant des années privilégié l’implication citoyenne et les mouvements associatifs : j’ai été animateur d’unité chez les scouts, administrateur dans le club sportif de mon fils, militant avec les cyclistes au quotidien, impliqué au sein de mon réseau d’Alumni.

La politique me semblait éloignée de mes préoccupations immédiates. Je la voyais comme un cadre fluctuant d’élection en élection, dont je devais tenir compte mais sur lequel je n’avais pas de prise directe. Ainsi, je ne réalisais pas que mon vote pouvait avoir une influence sur les impôts communaux que je devrais payer.

On entend souvent dire que la politique aujourd’hui c’est une affaire de « professionnels », de spécialistes de ce type d’ « exercice », un « art » qui est progressivement devenu un métier que certains enfants apprennent de leurs parents dans des familles qui affectionnent le « pouvoir ». Sans doute est-ce en partie devenu cela.

Mais ce qui m’intéresse dans ce podcast, c’est la politique comme « vivre ensemble ». La politique comme vie de la cité, polis. Politikos en grec signifie originellement « qui concerne les citoyens ». C’est ce dont j’ai envie de parler, l’organisation citoyenne de nos vies, et en particulier de nos bassins de vie quotidiens, à l’échelle d’une commune. D’où le détournement de la démo-crate : démos, le peuple, et cratos, le pouvoir, le pouvoir local donc, pour parler de localocratie, de pouvoir décisionnel à l’échelle locale.

A cet égard, je continue de me poser beaucoup de questions sur la représentativité apportée par une élection tous les 6 ans, sur la manière de prendre des décisions, sur le  principe d’une majorité, et donc d’une minorité. Comment les citoyen·nes peuvent-elles et ils restés impliqués entre deux élections ? Comment s’assurer d’avoir des femmes et hommes politiques au service de la communauté et non pas de leur propre carrière au pouvoir ?

Je dois et je veux donc commencer par dire d’où je parle. Je suis un homme, blanc, d’un milieu de classe moyenne relativement aisée avec une éducation chrétienne où on m’a beaucoup parlé de partage et de solidarité. Véronique a choisi de partager ma vie depuis 30 ans, et nous avons trois enfants qui prennent aujourd’hui doucement leur envol dans la vie adulte.

Initialement apolitique, mais avec une vision progressiste de la société, j’ai accepté en 2018 d’être sur la liste Écolo de ma commune. L’argument qui m’a convaincu était celui qu’il faut des personnes qui osent se mouiller pour changer le système de l’intérieur. Que les seules pressions extérieures ne suffiront pas. Les obstacles récurrents auxquels se heurtaient diverses associations auxquelles je contribuais m’avaient en effet convaincu de ce constat, et qu’il fallait oser le pas.

Depuis, me voici conseiller communal. Dans la minorité, ou l’opposition comme se plait systématiquement à le nommer le bourgmestre. Dois-je alors toujours m’opposer à ce qu’il propose ? J’ai eu assez rapidement le sentiment diffus d’être dans la position du babysitteur à qui on fait appel lorsque c’est nécessaire : confirmer une décision déjà prise par le Collège communal, corriger des erreurs factuelles dans les dossiers pour montrer que les choses ont été relues attentivement, interpeler sur ce que le Collège ne dit pas pour tenter d’apporter plus de transparence.

Un babysitteur donc, à qui on confie la garde de ses précieux enfants, mais jamais trop longtemps. Dont on écoute l’avis avec un petit air de « c’est intéressant mais nous, adultes, savons bien tout cela ». Et qui, n’ayant pas besoin de cette fonction pour vivre se pose beaucoup de questions. D’ailleurs, le jeton de présence tient aussi de la rémunération d’un babysitteur : 102 € bruts dont il ne reste en net qu’une quarantaine d’euros après rétrocession à Écolo et aux impôts, pour  10 à 25 heures de travail selon les conseils.

Pendant les deux premières années, j’ai systématiquement pris des notes sur l’aspect démocratique des conseils auxquels je participais, de la manière dont cela fonctionne aux petites phrases des unes ou des autres. Après une pause, une relecture posée de ces notes témoignait surtout de beaucoup d’acrimonie de ma part, et d’une lente dérive dans un combat de positions. Cela s’éloignait surtout de mon idéal démocratique et de l’envie de poser un regard qui pousse vers un mieux.

Entretemps, je me suis de plus en plus  impliqué dans une coopérative près de chez moi. Où un groupe de personnes, mêlant bénévoles, salarié·es, coopérateur·rices tentent l’autogestion et l’intelligence collective. Cela se nomme sociocratie ou gouvernance partagée, et résulte simultanément en plus d’épanouissement de chaque personne impliquée et en de meilleurs décisions. Je me suis demandé comment ces modes de fonctionnement (souvent à petite échelle et qui restent imparfaits) pouvaient peut-être réanimer notre façon de vivre la démocratie, surtout au niveau local. Alors qu’on me demandait de me représenter sur les listes communales, l’idée de ce podcast prenait corps.

L’envie, c’est de creuser le fait local, d’investir quelque peu ce qui se cache derrière des élections communales, de mieux comprendre certains enjeux, d’entendre l’avis de personnes qui s’y impliquent. Sans m’en mêler, sans juger. D’apprendre, et ce faisant de partager les apprentissages avec un maximum de personnes pour, qui sait, faire grandir l’intérêt de  quelques concitoyen·nes pour leur vie politique locale.

Xavier Marichal, décembre 2023

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Crédits musicaux

Merci à JRM artiste pour la version instrumentale de Freak Out (par Starry Light) et les instrumentaux de la Saison 2.